VOLONTAIRES et STAGIAIRES 1999

Expériences privilégiées - Par Tibo Le Texier

De nouveau, cette année 99, nous avons accepté d'accueillir un groupe de jeunes étudiants bénévoles proposé par la Guilde Européenne du Raid, dans le cadre de ses "Missions de France".

Claire - Clélia - Marion - Camille - Jean-Philippe - Tibo: ces jeunes étudiants arrivés dans une région du monde qui leur était totalement inconnue, sans véritable expérience de l'animation et sans préparation ont accompli pleinement leur mission: rencontrer les enfants du bidonville et leur permettre de sortir de leur quotidien au travers de jeux éducatifs, sportifs ou collectifs et d'exprimer ce qu'ils possédaient de talents, de richesses souvent ignorées et de joie de vivre.

Les deux points forts du séjour furent d'une part l'organisation de jeux collectifs dans la rue E. Cornejo fermée pour la circonstance, et d'autre part l'organisation d'une journée portes ouvertes à Alouette Foundation. Les familles des enfants, les membres et les amis d'Alouette Foundation sont venus saluer et applaudir ce qui avait été réalisé en quelques semaines: vidéo-interview - concours photos - spectacle de marionnettes - livre pour enfants - danses - exposition de maquettes - frises et dessins. Cette journée a d'ailleurs été racontée dans un grand article dans le "Manila Standart" préparé par Menchit Ongpin, la tante photographe d'une de ces bénévoles.

Mais, je leur laisse la parole pour parler de ce qu'ils ont vécu :

"Nous étions six étudiants, recrutés par une association en France, pour partir comme volontaires à Manille où nous avons été accueillis au sein d' Alouette Foundation par son président Bernard Pierquin, ses travailleurs sociaux et les familles du quartier.

Je suis partie en ne connaissant des Philippines pas beaucoup plus que le nom de sa capitale et les quelques informations que j'avais pu glaner dans deux ou trois guides touristiques.

Nous avons consacré le peu de temps qui précédait notre départ à l'élaboration d'un projet et à un "brain storming" pour faire une liste d'activités à proposer aux enfants du bidonville.

A notre arrivée, tous nos repères avaient disparu. Ce sont les enfants de Malibay, leur spontanéité, leur curiosité et leur incroyable ouverture d'esprit qui nous ont donné l'énergie dont nous avions besoin pour nous adapter aux conditions de vie si différentes.

Pendant un mois et demi, nous avons proposé différentes activités à des enfants âgés de 6 à 16 ans, qui trouvaient la motivation de fréquenter nos ateliers avant ou après l'école. Ils ont toujours fait preuve d'un grand enthousiasme malgré nos tâtonnements et notre manque d'expérience. J'ai été étonnée de pouvoir communiquer avec eux si facilement, malgré la barrière de la langue.

Au moment du bilan, concrétisé par une journée portes ouvertes à Alouette Foundation où nous présentions les travaux réalisés, il me fût bien difficile de réaliser que notre séjour parmi eux touchait déjà sa fin.

De retour à Paris, je m'aperçois combien cette expérience a été enrichissante ; j'ai découvert un pays, ses habitants et leur mode de vie. Je n'oublierai sans doute jamais la très grande générosité des personnes que j'ai côtoyées, ni le sourire des enfants de Malibay."
Claire

"Nous étions six Français et nous sommes partis à Manille cet été. Pour comprendre ce que nous avons mis en place avec les enfants de Malibay, le plus simple est de raconter une semaine parmi les six que nous nous avons passées avec eux.

Le lundi, nous travaillions en deux groupes : les grands et les petits. L'après-midi, alors que nous finissons de préparer les activités, les enfants arrivent joyeusement par petits groupes. Sur la terrasse de la fondation, les petits fabriquent la maquette d'une ville imaginaire : "Children Street" avec du carton et des feutres. En bas, mes grands réalisent une frise historique. Au bout d'une heure, tout le monde se retrouve pour aller au terrain de sport où nous faisons des jeux dans un calme très relatif!

Le mardi, un seul groupe travaille. Les enfants pratiquent des activités plastiques : sculptures d'oiseaux en papier mâché et peinture ou ré-interprétation des plus grands peintres à partir de cartes postales. A 9 heures, nous allons au terrain de sport pour un défoulement bien mérité.

Le mercredi et le vendredi, nous revoyons les enfants du lundi pour continuer nos activités : fignoler la maquette avec des bonshommes en pâte à modeler et illustrer la frise.

Le jeudi, ce sont ceux du mardi que nous revoyons pour faire de la musique ou des jeux d'intelligence.

Le samedi, tous les enfants reviennent, il y en a partout! Heureusement des travailleurs sociaux philippins en formation nous aident ce jour là! Nous sommes tous dans la salle de classe et nous essayons de faire des pliages ou des dessins au rythme de chacun, plus ou moins tranquillement.

Le dimanche est un jour spécial parce que nous voyons les "très grands" (15 ans), ce qui nous permet de communiquer en anglais et ainsi d'avoir un autre type de relation. De plus, c'est le jour de la photo et nous découvrons la perception des enfants sur leur environnement. Ceux-ci comprennent d'une façon impressionnante des notions proprement photographiques telles que les ombres et la perspective. Nous faisons aussi des collages avec les photos moins bonnes et des jeux de culture générale à la fin.

Les semaines passaient bien vite. Souvent, des enfants restaient pour dessiner et nous les voyions de même le soir, de sorte que, même si nous ne parlions pas leur langue, nous avons eu l'impression de vivre quelque chose de plus que de l'animation avec eux et d'avoir partagé de vrais moments, au lieu de passer comme de simples étrangers.

Remercions pour finir les enfants de Rodriguez et de Cornejo Street, le staff d'Alouette et leur boss Bernard."
Tibo Le Texier.