PASAY CITY : des enfants en prison |
Par Bernard Pierquin
Pasay City, des enfants en prison
Ce 11 décembre, j'avais prévu de me rendre à l'anniversaire d'une amie qui réside dans la province de Cavite ; à une bonne heure de distance. Un coup de fil de la DSWD (équivalent de la DASS) : « Bernard, nous t'invitons personnellement à assister au séminaire de deux jours organisé à Bato-Bato Resort, Calamba, Laguna».
Calamba, située à environ 1 h 30 de Manille, est la petite ville provinciale où est né José Rizal, héros national philippin. Séminaire important puisqu'il s'y dessinait l'action 2000 d'un programme financé par UNICEF : « Childfriendly Movement », qui rassemble tous les acteurs de la ville – politique – justice – police – santé – social – éducation - ONGs – société civile – etc., pour que cette ville crée dans tous ses secteurs un environnement amical aux enfants.
Pasay City où nous nous trouvons est l'une des 5 villes choisies aux Philippines, car l'une des plus "criminalisées". De plus, Alouette Foundation est particulièrement active dans 2 des 5 barangays choisis (quartier administratif – il y en a 221 à Pasay).
Mila, femme policière attachée aux bureaux des enfants et des femmes, profita de cette occasion pour dénoncer les conditions dans lesquelles étaient enfermés une trentaine d'enfants dans la prison de la ville. Manque d'hygiène, pas de médicaments.Mme la juge Lopez, femme à très forte personnalité et très investie dans la cause des enfants des Philippines, confirmait aussitôt les propos de la policière.
Choqué d'apprendre que des enfants se trouvaient en prison à Pasay et de plus dans de telles conditions, je m'engageais d'emblée à leurs rendre visite et voir cela de mes propres yeux. Mme la Juge Lopez organisa la rencontre de façon fort officielle.
Plus que tout, je fus scandalisé de constater qu'il n'y avait même pas de lits, voire de cartons sur lesquels ces enfants ou adolescents pouvaient s'asseoir la journée et surtout dormir la nuit. Le responsable de la prison (7 cellules pour hommes, soit plus de 700 prisonniers – 2 cellules femmes, soit une quarantaine, et cette cellule pour une trentaine d'enfants) m'explique que des organisations caritatives apportent parfois des cartons mais que en temps de pluies, les murs suintent et l’humidité les rend inutilisables en quelques heures.
Accompagné d'Eden, la directrice d'Alouette Foundation et de Badette, un de nos travailleurs sociaux, nous avons alors distribué shampooings, dentifrices, vitamines et compléments alimentaires que nous stockons à mesure des dons pour ce genre d'opération.
Suite à un appel lancé à tous nos adhérents, un formidable élan de solidarité, venant notamment des États-Unis, où nous avons quelques parrains français, des associations philippines de Paris, a très vite permis la construction de dix lits superposés. L’argent restant nous a permis d'acheter entre autres une télévision pour la cellule des enfants et de refaire une tournée de cadeaux (produits d'hygiène, petits pains, etc.).
Lors de ces distributions, nous n'oublions jamais la cellule des femmes qui se trouve juste à côté et dont je connais personnellement quelques pensionnaires.